Kononga
« Nous allons nous arrêter ici pour manger. »
de Christophe Cupelin
documentaire – 2006 – 29 min. – parlé moré et français
sous-titres français, allemand, anglais, espagnol
Meilleur court métrage documentaire /
Best Short Lenght Documentary
DOCUDAYS 8th Beirut International Documentary Festival,
Liban, nov. 2006
Générique
avec: les habitants du village de Kononga au Burkina Faso
réalisation & production: Christophe Cupelin
collaboration tournage: Evariste Ouédraogo et François Grometto
musique: Fred Frith « Guitar Solos » Fred Records/ReR 2002
Super-8, photographies, son, montage: Christophe Cupelin
montage son & mixage: Philippe Ciompi
traducteur & interprète, Super-8 additionnel: Evariste Ouédraogo
traduction & adaptation: Mamadou Lamine Sanogo, Alpha Adama Diallo,
Evariste Ouédraogo, Raoul Ouédraogo, Awalou Ouédraogo
« Ce qui tue les arbres nous tuera aussi à la longue.
Mais qu’allons-nous faire ? Nous attendons chacun notre tour. »
Production et distribution
production, distribution, droits mondiaux: Christophe Cupelin
soutien financier: DAC de la Ville de Genève, Fonds REGIO Films
Format de diffusion
DigiBeta & Beta SP & DVD, pal, 4:3 (1:1,66), couleur & N/B, dolby stéréo
sous-titres français, english subtitles, deutsche Untertitel, subtitulos espagñol
Diffusion
FICMA 14th International Environmental Film Festival in Catalonia, Espagne, 1-10 juin 2007
VUES D’AFRIQUE 23ème Journées du cinéma africain et créole, Montréal, Canada, 19-29 avril 2007
DOC A TUNIS “Voix du regard” 2ème édition, Tunis, Tunisie, 4-9 avril 2007
SOLOTHURNER FILMTAGE 42ème Journées de Soleure, Suisse, 22-28 janvier 2007
FIFEN 2ème Festival International du Film de l’Environnement, Niamey, Niger, décembre 2006
DOCUDAYS 8th Beirut International Documentary Festival, Liban, 5-12 novembre 2006
Prix du meilleur court métrage / Best Short Lenght Award
CINEMAMBIENTE 9th International Environmental Film Festival, Turin, Italie, 27-31 octobre 2006
VISIONS DU REEL Compétition “Regards Neufs” Nyon, Suisse, 24-30 avril 2006
Autre diffusion
ALDELIL événement lors de l’exposition collective artenîle, association act-art, Genève, 30 mai 2007
COLLEGE DE SAUSSURE “Journée de l’environnement et du développement durable”, Genève, 23 avril 2007
A-BAR “Les dimanches de l’a-bar”, Genève, 11 Février 2007
DOCUMENTAIRE SUR GRAND ECRAN “A voir et à manger”, cinéma des cinéastes, Paris, France, 26 novembre 2006
CAVE 12 “Vernissage du DVD”, Genève, 10 Novembre 2006
Synopsis
« Ce qui tue les arbres nous tuera aussi à la longue.
Mais qu’allons-nous faire ? Nous attendons chacun notre tour. »
Confrontés à une situation de crise alimentaire récurrente, plus ou moins aiguë selon les années,
les habitants du village de Kononga au Nord du Burkina Faso dépendent en premier lieu de la
pluviométrie pour leur survie.
Dans cette région où les effets de la désertification se font ressentir depuis des générations,
la population, livrée à elle-même, n’est plus en mesure aujourd’hui d’infléchir ce processus
naturel par ses propres moyens.
En attendant la fin d’un monde, leur monde, les villageois – animistes, musulmans, chrétiens –
s’en remettent à un destin dicté par des dieux tout-puissants.
La fin d’un monde
Entretien avec Christophe Cupelin, réalisateur du film Kononga.
Bertrand Tappolet : Comment est né ce film ?
Christophe Cupelin : Ce documentaire sur les habitants d’un petit village burkinabé, Kononga, est né de la rencontre de trois personnes amoureuses du cinéma, Evariste Ouédraogo, François Grometto et moi-même, curieuses de l’humanité et de la mémoire qu’il y a en chaque rencontre. Avec cet opus, nous tentons de faire partager une passion commune à savoir réaliser un film dans la brousse au sein d’un contexte villageois en partant à la recherche de traces d’un univers disparu – la tradition – dans un village qui semble alors en ruine et comme déserté.
B. T. : L’ouverture de ce film parlé mooré et français est symptomatique d’un problème lancinant, la sécheresse qui touche les pays du Sahel et le Burkina Faso, le Pays de l’homme intègre en particulier, situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest.
C. C. : On voit dans une séquence des enfants couper le bois à même des arbres morts, décharnés, sur une terre ocre et argileuse avec en fond un témoignage qui évoque une certaine forme de fatalisme en reconnaissant que « Ce qui tue les arbres nous tuera à la longue ». Un dicton mossi dit, comme ailleurs, que « l’eau, c’est la vie ». A l’image de ce qui se déroule dans l’ensemble de cette région subsaharienne, la situation qui prévaut chaque jour davantage à Kononga est la fin des pluies. Face à ce phénomène mondial de réchauffement du climat, les habitants demeurent fatalistes. Les traditionalistes avanceront que la pluie se fait rare suite à l’abandon des pratiques culturelles. Les Musulmans préconiseront de prier Dieu afin de ramener l’or bleu venu du ciel. « Celui à qui nous adressons nos prières est le seul à pouvoir faire tomber la pluie », entend-t-on. Beaucoup diront que l’Occident et ancien colonisateur doit leur apporter une solution, dans la mesure où il est responsable de cette situation. D’autres enfin, à l’image du catéchiste, constatent un changement de mentalités et de comportements ainsi que la complexité croissante d’un monde sur lequel l’homme ne semble plus avoir de prise : « Avant, il pleuvait plus, il y avait peu de besoin » avance le religieux. « Les problèmes ne dépassaient pas la capacité des gens. Mais aujourd’hui d’autres problèmes s’imposent. Manque de pluie, manque de nourriture. Trop de problèmes, car trop de besoins. » L’inertie surgit de cette conviction que tous les événements leur sont extérieurs. J’ai néanmoins tenté d’exprimer un certain volontarisme à travers la séquence consacrée au travail des mineurs dans un gisement à ciel ouvert. Ces ouvriers envisagent leur avenir au travers de l’exploitation aurifère, même si la mine semble avoir une existence par nature éphémère. En dehors du coton ou des mines, les capacités économiques du pays restent, en effet, limitées.
B. T. : Quelle place tiennent les arbres dans ce film ?
C. C. : Le film met l’arbre au centre de l’existence du village et, partant, de chacun : il est un élément naturel premier dans le paysage. Ensuite, vient l’homme avec la perspective de sa disparition prochaine, qui est le point de vue adopté dans ce documentaire. Un hydrogéologue travaillant sur place pour une ONG m’a confié que la lutte contre la désertification se ramenait à soigner un grand malade. On ralentit un processus naturel de dégénérescence, mais on ne pourra le guérir complètement. Pour lui, les hommes sont condamnés à disparaître de la région du fait de l’avancée inexorable de la désertification. Plus rien ne peut pousser et la terre est cimentée par le peu de pluie tombée sur un sol devenu incultivable. Tout au long du tournage qui a duré trois mois, j’ai tenté d’axer mes préoccupations sur la manière dont les villageois s’interrogeaient face à l’envahissement progressif de leur vie par le désert. Avec cette envie qui me taraudait à chaque seconde de réagir, de faire quelque chose. D’où une séquence dans laquelle une plantation d’arbres est parcourue caméra à l’épaule. Un instant étrange et onirique, reflet d’un monde aujourd’hui éteint et néanmoins ardemment désiré.
Propos recueillis et mis en forme par Bertrand Tappolet
© Avril 2006